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Bagration. Le prince André fit halte en l’attendant. Le prince Bagration arrêta son cheval et, en reconnaissant le prince André, le salua de la tête. Il continuait à regarder en avant, pendant que le prince André lui racontait ce qu’il avait vu.

L’expression : « Voilà ! c’est commencé ! c’est ça ! » était aussi sur le visage mat, brun, du prince Bagration dont les yeux étaient demi ouverts, vagues, comme s’il n’avait pas bien dormi. Le prince André fixait ce visage immobile avec une curiosité inquiète ; il voulait savoir si cet homme pensait et sentait et ce qu’il pensait et sentait en ce moment. « En général, y-a-t-il quelque chose derrière ce visage immobile ? » se demandait le prince André en le regardant. Le prince Bagration inclina la tête en signe d’acquiescement aux paroles du prince André et dit : « Bon », avec une expression signifiant que tout ce qui s’était passé et qu’on lui communiquait était précisément ce qu’il avait prévu.

Le prince André, essoufflé par le galop rapide, causait très vite. Le prince Bagration, avec son accent oriental, parlait avec une lenteur particulière comme s’il ne jugeait pas avoir à se hâter. Cependant, il fit galoper son cheval du côté de la batterie de Touchine. Le prince André se joignit aux officiers de la suite. Il y avait : l’officier de la suite, l’aide de camp personnel du prince,