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pour lui. — S’il vous plaît, plus vite. Et bien, que dit-il ?

Dolokhov ne répondit pas au capitaine ; il menait une discussion très chaude avec le grenadier français. Naturellement il parlait de la campagne. Le Français, confondant les Russes avec les Autrichiens, voulait prouver que les Russes s’étaient rendus et s’enfuyaient depuis Ulm. Dolokhov prouvait que les Russes ne s’étaient pas rendus et avaient toujours battu l’ennemi.

— On a ordonné de vous chasser d’ici et nous vous chasserons, — disait Dolokhov.

— Tâchez seulement de veiller à ne pas être pris avec tous vos Cosaques, — répondait le grenadier français.

Les spectateurs et les auditeurs français riaient.

On vous fera danser comme vous avez dansé avec Souvorov, — dit Dolokhov.

Qu’est-ce qu’il chante ? — fit un Français.

De l’histoire ancienne, — prononça un autre pensant qu’il s’agissait d’une guerre lointaine. — L’empereur va lui faire voir, à votre Souvara comme aux autres…

— Bonaparte… commença Dolokhov, mais le Français l’interrompit.

— Il n’y a pas Bonaparte. Il y a l’empereur ! Sacré nom… cria-t-il avec colère.

— Que le diable l’emporte, votre empereur !

Et Dolokhov proféra en russe de grossières in-