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soldats soient en marche et leurs armes engaînées, c’est-à-dire en tenue de campagne, et que dans le cas contraire, le commandant en chef serait mécontent. À ces paroles le commandant baissa la tête en silence, fit un mouvement d’épaule, et, d’un geste nerveux, écarta les mains.

— On a fait du joli ! — prononça-t-il. — Voilà, je vous l’avais dit, Mikhaïl Mitritch, tenue de campagne, en capotes, — dit-il d’un ton de reproche au chef de bataillon. — Ah ! mon Dieu ! — ajouta-t-il, — et, d’un air décidé, il s’avança : — Messieurs les chefs de compagnies ! — cria-t-il d’une voix habituée au commandement. — Sergents !… Viendront-ils bientôt ? — demanda-t-il à l’aide de camp avec une expression de politesse respectueuse, qui, visiblement, se rapportait aux personnes dont il parlait.

— Dans une heure, je pense.

— Nous aurons le temps de changer de tenue ?

— Je ne sais pas, mon général.

Le commandant du régiment s’approcha lui même des rangs, donna l’ordre de se dévêtir et d’endosser les capotes. Les chefs des compagnies se mirent à courir dans leurs compagnies ; les sergents-majors s’agitaient (les capotes n’étaient pas en bon état), et au même moment, les carrés jusque là immobiles et silencieux remuèrent, s’allongèrent, bouillonnèrent, crièrent. De tous côtés les soldats couraient, remontant leurs épaules, pas-