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Ah ! chère !… Ah ! Marie ! … — dirent tout à coup les deux femmes, en riant. — J’ai rêvé cette nuit !… — Vous ne vous attendiez donc pas ? — Ah ! Marie, vous avez maigri… Et vous avez repris…

J’ai tout de suite reconnu madame la princesse, — dit mademoiselle Bourienne.

Et moi, qui ne me doutais pas ! … exclama la princesse Marie. — Ah ! André, je ne vous voyais pas.

Le prince André embrassa sa sœur et lui dit qu’elle était toujours la même pleurnicheuse. La princesse Marie se tourna vers son frère et à travers ses larmes, les regards tendres, chauds de ses beaux yeux, en ce moment grands et rayonnants, s’arrêtèrent sur lui. La princesse parlait sans cesse. La petite lèvre supérieure, courte, velue, à chaque instant s’abaissait, touchant où il fallait la lèvre inférieure, petite, rouge, et de nouveau les dents et les yeux brillaient dans un sourire.

La princesse raconta un accident qui lui était arrivé à la montagne Spasskaia, et qui, dans sa situation, aurait pu tourner mal. Aussitôt après cela, elle raconta qu’elle avait laissé toutes ses robes à Pétersbourg, et qu’elle apportait Dieu sait quoi ; qu’André était tout à fait changé, que Kitia Odentzova épousait un vieillard ; qu’il y avait un fiancé pour tout de bon, pour la princesse Marie, mais