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du plus grand secret un projet de mariage pour vous. Ce n’est, ni plus ni moins, que le fils du prince Basile, Anatole, qu’on voudrait ranger en le mariant à une personne riche et distinguée, et c’est sur vous qu’est tombé le choix des parents. Je ne sais comment vous envisagez la chose, mais j’ai cru de mon devoir de vous en avertir. On le dit très beau et très mauvais sujet ; c’est tout ce que j’ai pu savoir sur son compte.

» Mais, assez de bavardage comme cela. Je finis mon second feuillet, et maman me fait chercher pour aller dîner chez les Apraksines. Lisez le livre mystique que je vous envoie, et qui fait fureur chez nous. Quoi qu’il y ait des choses dans ce livre, difficiles à atteindre avec la faible conception humaine, c’est un livre admirable dont la lecture calme et élève l’âme.

» Adieu. Mes respects à monsieur votre père et mes compliments à mademoiselle Bourienne. Je vous embrasse comme je vous aime.

 » JULIE. »

P.-S. — Donnez-moi des nouvelles de votre frère et de sa charmante petite femme.

La princesse resta pensive un moment (et alors, son visage éclairé de ses yeux rayonnants se transforma tout à fait) et, tout à coup, se levant, à pas