Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prince Vassili, en frottant son crâne chauve ; et de nouveau, avec colère, rapprochant de lui la table qu’il avait repoussée : — Mais enfin… Enfin il s’agit, tu le sais toi-même, de ceci, que l’hiver dernier le comte a écrit un testament par lequel il donne tous ses biens à Pierre, au détriment de ses héritiers directs et de nous.

— N’a-t-il pas écrit une foule de testaments ! — répondit tranquillement la princesse, — mais il ne peut rien laisser à Pierre. C’est un enfant naturel.

Ma chère ; — dit tout à coup le prince Vassili en secouant la table, s’animant et commençant à parler plus vite, — mais s’il a écrit à l’Empereur, en lui demandant l’autorisation d’adopter Pierre ? Tu comprends, vu les mérites du comte, sa demande sera acceptée…

La princesse souriait comme sourient ceux qui pensent savoir une chose beaucoup mieux que celui qui en parle.

— Je te dirai plus. — continua le prince Vassili en lui prenant la main, — la lettre est écrite, mais bien qu’elle n’ait pas encore été envoyée, l’Empereur le sait. La question est de savoir si elle est détruite ou non. Sinon, alors, aussitôt que tout sera terminé, — le prince Vassili soupira, en donnant ainsi à comprendre ce qu’il entendait par ces mots : tout sera terminé, — on ouvrira les papiers du comte, le testament et la lettre seront