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cela des vieux.) Et maintenant, lui, un vieillard, il ne sait absolument rien, il est frivole comme à vingt ans, mais à cet âge il ne s’en cachait pas, — ce qu’il fait à présent. Pendant le service, il lui vient, comme dans son enfance, le désir d’imiter le coq, ou de faire quelque autre sottise, mais, lui, vieillard, s’incline respectueusement en touchant les dalles du bout de ses vieux doigts, et le père Vassili paraît timide devant lui pour officier ; son zèle l’incite à bien servir.

« Et s’il savait quelles bêtises me viennent en tête. C’est un péché, un péché. Il faut prier, » — se dit-il quand commence le service. Et en se pénétrant bien du sens de la liturgie, il se met à prier. En effet, bientôt, transporté par la prière, il se rappelle ses péchés et tout ce de quoi il se repent. Un vieillard avenant, au crâne nu, avec une couronne de cheveux blancs épais, en lapti, en pelisse, avec une pièce blanche, neuve, au milieu du dos, entra à pas réguliers dans le chœur. Il le salua bas, secoua ses cheveux et alla déposer un cierge à l’autel.

C’était le marguillier Ivan Fédotov, un des meilleurs paysans du village Izlegostchi. Ivan Pétrovitch le connaissait. La vue de ce visage sévère, grave, suscita en Ivan Pétrovitch une nouvelle série de pensées. C’était un de ces paysans qui voulaient prendre sa terre, un des meilleurs et des plus riches chefs de famille, à qui la terre était si néces-