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— Oui, oui, — dit une autre jeune fille.

— C’est un riche parti de plus, — ajouta une troisième.

Un vieux colonel, d’origine allemande, qui trois ans avant était allé à Paris pour épouser une femme riche, décidait de faire au plus vite sa demande avant que les jeunes gens fussent au courant.

Les jeunes filles et les dames pensaient la même chose au sujet du jeune homme arrivant de Sibérie.

« C’est probablement mon affaire ! » pensait une jeune fille qui allait en vain dans le monde depuis huit ans. C’est sans doute pour le mieux que ce sot cavalier-garde ne m’ait pas demandée en mariage. J’aurais été sûrement malheureuse ! » — « Eh bien ! elles seront toutes jaunes de dépit, quand il s’éprendra de moi », se disait une jeune et belle dame.

On parle de la province, des petites villes, la haute société est bien pire. Là-bas il n’y a pas de nouveaux personnages, mais la société est prête à recevoir tout nouveau personnage, s’il en paraît. Et ici, c’est rarement, comme maintenant les Labazov, qu’on est reconnu appartenir au cercle et qu’on y est admis. Mais la sensation produite par ces nouveaux personnages est plus forte que dans une ville de province.