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Le cabaretier, probablement un Cosaque en retraite, avec une chopine à la main sortit à la porte.

— À qui faut-il offrir ? — dit-il.

Le grand Vassili, un moujik maigre, blond, à la barbe de bouc, et le conseilleur, gros, blanc, blond avec une barbe épaisse, blanche, entourant son visage rouge, s’approchèrent et chacun d’eux but un petit verre. Le petit vieillard s’approcha aussi du groupe des buveurs, mais on ne lui offrit rien et il s’éloigna vers ses chevaux et se mit à caresser l’un d’eux sur le dos et la croupe.

Le petit vieux était précisément tel que je l’avais imaginé : petit, maigre, le visage ridé, bleui, une barbiche petite et rare, un nez pointu, des dents jaunes, rongées.

Son bonnet de postillon était tout neuf, mais sa pelisse courte, usée, tachée de goudron, déchirée à l’épaule et devant, n’arrivait pas même aux genoux, et le bas des pantalons était serré dans d’énormes bottes de feutre. Lui-même était tout courbé, ridé, le visage et les genoux tremblants ; il tournait autour du traîneau, évidemment pour se réchauffer.

— Quoi, Mitritch ! vraiment offre un quart ; je me réchaufferais bien, — lui dit le conseilleur.

Mitritch se tiraillait. Il répara l’avaloir de son cheval et l’arc et s’approcha de moi.

— Quoi, seigneur, — dit-il en découvrant sa tête