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grand plaisir. Le narrateur dit un conte sur l’arcen-ciel, et, au-dessus de nous, se dressent déjà une voûte de neige et l’arc-en-ciel. « Maintenant, que chacun de nous se fasse une chambre dans la neige, — dis-je — et dormons, la neige est moelleuse et chaude comme une fourrure. »

Je me construis une chambre et veux y entrer, mais Féodor Philippitch, qui a vu de l’argent dans mon sac, dit : « Attends, donne l’argent. Il faut quand même mourir ? » et il m’attrape par la jambe. Je lui donne l’argent, ne demandant qu’une chose, qu’on me laisse partir, mais ils ne croient pas que c’est tout mon argent et ils veulent me tuer. Je prends la main du petit vieux et avec un plaisir inexprimable, je me mets à la baiser. La main du petit vieux est douce et tendre. Tout d’abord il me la retire, mais ensuite il me la rend, il me donne même l’autre main et me caresse. Cependant Féodor Philippitch approche et me menace. Je cours dans ma chambre, mais ce n’est pas une chambre, c’est un long corridor blanc où quelqu’un me tire par les jambes. Je me dégage, mon habit et même un lambeau de ma chair restent entre les mains de celui qui me tenait. Mais je ne sens que le froid et la honte, d’autant plus que ma tante, avec son ombrelle et se pharmacie homéopathique, le noyé sous le bras, vient à ma rencontre. Ils rient et ne comprennent pas les signes que je leur fais. Je me jette dans le traîneau, mes jambes