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dans la vie me montraient mon esprit frais et les sentiments juvéniles, sincères ! J’ai maintes fois essayé de sortir sur cette voie claire, hors du cercle où tournait ma vie. Je me disais : J’emploierai toute ma volonté, et je ne pouvais pas. Quand je restais seul, j’étais gêné et effrayé de moi-même. Quand j’étais avec les autres, je n’entendais plus du tout la voix intérieure et tombais de plus en plus bas.

» Enfin, je suis arrivé à cette conviction terrible que je ne puis plus me relever. Je cessai d’y penser et voulus oublier. Mais le remords sans espoir me troubla encore plus fort. Alors, pour la première fois, me vint la pensée du suicide ».




« Je pensais auparavant que l’approche de la mort éléverait mon âme. Je me suis trompé. Dans un quart d’heure je ne serai plus et mon opinion n’est nullement changée. Je vois, j’entends, je pense de même. La même inconséquence étrange, la même hésitation, la même légèreté des pensées… »