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IV

La maison vide de Nikolskoié, pas chauffée depuis longtemps, s’anima de nouveau, mais la vie vécue là ne revint pas. Ma belle-mère n’était plus et nous étions seuls en face l’un de l’autre. Mais, maintenant, la solitude non seulement ne nous était pas nécessaire, mais nous gênait.

L’hiver était pour moi d’autant pire que j’étais malade et ne me remis qu’après l’accouchement de mon second fils. Mes relations avec mon mari continuaient à être les mêmes : froides et amicales comme au temps de notre séjour dans la capitale. Mais, à la campagne, chaque planche, chaque mur, chaque siège me rappelait ce qu’il était pour moi et ce que j’avais perdu. Une offense impardonnée semblait être entre nous, on eût dit qu’il me punissait pour quelque chose et feignait de ne pas le remarquer lui-même. Il n’y avait pas de quoi demander pardon ou grâce : il me punis-