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— Mais occupez-vous davantage, ne vous ennuyez pas, — dit-il d’un ton qui me parut trop froid et trop simple. — Au printemps je vous ferai subir un examen, — ajouta-t-il en laissant ma main et sans me regarder.

Dans l’antichambre, où nous l’accompagnâmes, il mit hâtivement sa pelisse et de nouveau me dépassa du regard : — « En vain il feint, — pensai-je. — Croit-il que ce me soit si agréable qu’il me regarde ? C’est un homme très bon, très bon… mais c’est tout. »

Cependant, ce soir-là, moi et Katia, de longtemps ne pûmes nous endormir et tout le temps nous causâmes, non de lui, mais de nos projets d’été, où et comment nous passerions l’hiver. La terrible question « pourquoi ? » déjà ne se présentait plus à moi. Il me paraissait très simple et naturel de vivre pour être heureuse et l’avenir m’apparaissait plein de bonheur. Notre vieille maison de Pokrovskoié semblait s’être remplie soudain de vie et de lumière.