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SÉBASTOPOL EN MAI 1855


I


Six mois sont déjà écoulés depuis que le premier obus des bastions de Sébastopol siffla et laboura la terre dans les travaux ennemis. Depuis lors, des milliers d’obus, de bombes et de balles ont volé sans cesse des bastions aux tranchées, des tranchées aux bastions et l’ange de la mort n’a pas cessé de planer sur eux.

Des milliers d’amours-propres humains ont été froissés, des milliers ont été satisfaits, se sont enorgueillis, des milliers se sont apaisés dans les bras de la mort. Combien de cercueils roses et de draps de toile ! Et toujours éclatent les mêmes sons des bastions. Avec le même tremblement involontaire et la même crainte, les Français regardent toujours, de leur campement, pendant une claire