Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/402

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parler sous une forme qui fût tolérée par la censure russe, de la boucherie humaine de Sébastopol. Il écrivit une préface, n’en fut pas satisfait, et voyant qu’il ne pouvait mettre sous une forme « convenable » les idées suggérées par le livre, il renonça à donner cette préface qui fut ensevelie dans ses papiers.

L’auteur des « Souvenirs », attristé, convainquit avec peine l’éditeur de faire paraître son ouvrage qui vit le jour sans aucune préface.

Cette préface, pas encore mise au point, se trouve conservée dans les archives de V. G. Tchertkov. Nous la donnons ici avec sa permission comme appendice aux récits de Sébastopol ; comparée à eux, elle reçoit un grand intérêt.

Malgré toute « la vérité », ce principal héros des récits de Sébastopol, malgré toutes les horreurs de la guerre qui y est décrite, on y trouve une part assez grande de cette objectivité qui fait supposer en l’auteur sinon l’hésitation, du moins l’indifférence envers certaines questions, et excite par moments les mêmes sentiments vagues chez le lecteur.

Dans cette préface, la vérité paraît nue, dure, et c’est pourquoi elle n’excite en le lecteur qu’une seule impression : l’horreur réelle devant le crime commis en masse par l’humanité et une grande pitié pour ceux qui, consciemment ou inconsciemment, y participent.