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n’avait pas même de repentir. Il avait essayé de réfléchir à ce qu’il devait faire maintenant : comment partir sans un kopek, comment payer les quinze mille roubles du trésor ; et que dira le commandant du régiment, sa mère, que diront ses camarades ? — et il était pris d’une telle peur et d’un tel dégoût de lui-même, que pour s’oublier d’une façon quelconque, il se leva, et se mit à marcher dans la chambre, en tâchant de ne marcher que sur les raies du parquet. Et de nouveau, il commença à se rappeler tous les menus détails du jeu. Avec vivacité, il s’imagina qu’il gagnait et prenait le neuf, posait le roi de pique sur deux mille roubles, qu’une dame tombait à droite, à gauche un as, à droite le roi de carreau, — et tout était perdu. Si un six était à droite et le roi de carreau à gauche, alors je gagnerais, je poserais tout sur le talon et je gagnerais quinze mille net. Je m’achèterais alors le bon cheval du commandant du régiment, encore une paire de chevaux, un phaéton. Eh bien, quoi encore ? Ce serait une bonne chose ! Il s’allongeait de nouveau sur le divan et mordillait le crin.

— Pourquoi chante-t-on au no 7 ? — pensa-t-il. — On fait sans doute la noce chez Tourbine. Peut-être aller là-bas et boire ferme…

À ce moment le comte entra.

— Eh bien ! Mon cher, tu as perdu, hein ? — cria-t-il.