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dant dans les yeux, continuait tranquillement son récit sur les voleurs déguisés en diables armés de griffes.

— Vous tiendrez la banque ? — demanda le uhlan.

— N’est-il pas trop tôt ?

— Bielov ! — cria le uhlan, rougissant on ne sait pourquoi, — apporte-moi à dîner… Je n’ai encore rien pris, messieurs… apporte du champagne et donne des cartes.

À ce moment le comte et Zavalchevskï entrèrent dans la chambre. Il se trouvait que Tourbine et Iline étaient dans la même division. Ils s’accordèrent aussitôt en trinquant et buvant le champagne, et cinq minutes après ils se tutoyaient. Iline semblait plaire beaucoup au comte.

Le comte souriait toujours en le regardant et raillait sa jeunesse.

— Quel brave uhlan ! — disait-il. — Quelle moustache ! Quelle moustache !

Chez Iline le duvet de la lèvre était même d’un blond presque blanc.

— Quoi ! on dirait que vous vous disposez à jouer, — dit le comte. — Eh bien ! Je te souhaite de gagner, Iline ! Je pense que tu es un artiste, — ajouta-t-il en souriant.

— Oui, voilà, on se prépare, — répondit Loukhnov en ouvrant le paquet de cartes. — Et vous, comte, ne daignerez-vous pas ?