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approchâmes des bancs tressés. Près de là, se tenait debout un inconnu, pas grand, aux jambes arquées, vêtu d’une pelisse courte de peau d’agneau et d’un bonnet à longs poils lisses, blancs.

Dès que nous fûmes près de lui, indécis il souleva et remit plusieurs fois son bonnet, eut l’air de vouloir s’approcher de nous et s’arrêta de nouveau. Mais, décidant sans doute qü’il ne pouvait plus passer inaperçu, l’inconnu ôta son bonnet, et tournant autour de nous s’approcha du capitaine en second, Sch…

— Ah ! Gouskantini ! Eh bien ! Comment allez vous, mon vieux ? — lui dit Sch… en souriant naïvement, encore sous l’influence de sa cavalcade.

Gouskantini, comme l’appelait Sch… — remit aussitôt son bonnet fit le geste de mettre les mains dans ses poches. Mais, de mon côté, sa pelisse n’avait pas de poche, et sa main petite, rouge, pendait embarrassée. Je voulus savoir quel était cet homme (junker ou dégradé ?) Et sans remarquer que mon regard (c’est-à-dire celui d’un officier inconnu à lui) le troublait, je regardai fixement sa tenue et sa personne. Il paraissait avoir trente ans. Des yeux petits, ronds, gris, comme endormis, regardaient avec inquiétude au-dessus du bonnet blanc, sale, enfoncé sur son visage. Un gros nez irrégulier entre deux joues caves faisait ressortir sa maigreur maladive, point naturelle. Les lèvres peu couvertes d’une moustache rare, molle,