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— Qui vivra verra, — répondit le capitaine en second. — Et vous ferez la même chose et lui aussi, quand il commandera la batterie, — ajouta-t-il en désignant Volodia.

— Pourquoi donc pensez-vous, Frédérik Krestianitch, que lui aussi voudra rabioter, — intervint Tchernovitzki. — Il a peut-être de la fortune, alors, pourquoi rapinerait-il ?

— Mais moi… Excusez, capitaine, — dit Volodia en rougissant jusqu’aux oreilles. — Je trouve que ce n’est pas noble.

— Oh ! oh ! il est difficile, dit Kraut.

— Oui, c’est égal. Je pense seulement que je ne peux prendre de l’argent qui ne m’appartient pas.

— Et moi, voici ce que je vous dirai, jeune homme — commença d’un ton plus sérieux le capitaine en second. — Savez-vous que quand vous commanderez la batterie, si vous conduisez bien les affaires, ce sera parfait. Le commandant de la batterie ne se mêle pas de la nourriture des soldats, c’est déjà ainsi depuis longtemps dans l’artillerie. Si vous êtes un mauvais maître, il ne vous restera rien. Maintenant vous devez dépenser en sus du pré : pour le ferrage et d’un (il plia un doigt), la pharmacie, deux (il plia un autre doigt), la chancellerie, trois. Pour les chevaux d’attelage, au moins cinq cents roubles. Mon cher, ça fait quatre. Vous devez changer le collet des soldats, vous dépensez beaucoup pour le charbon, vous tenez la