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sonne chez lui ! Et maintenant !… Dans ses yeux une expression de fierté froide qui vous dit : « Bien que j’aie été ton camarade, et que je sois un commandant de la nouvelle école, je n’ignore pas, crois-le bien, que tu donnerais la moitié de ta vie pour être à ma place ! »

— Vous vous êtes traité assez longtemps, — dit froidement le colonel en s’adressant à Kozeltzov.

— J’étais malade, mon colonel ! Même maintenant ma blessure n’est pas très bien cicatrisée.

— Alors, vous êtes venu en vain, — dit le colonel en jetant un regard méfiant sur la corpulence de l’officier. — Toutefois vous pouvez faire votre service ?

— Parfaitement.

— Eh bien ! Je suis très content. Alors l’enseigne Zaïtzev vous remettra la neuvième compagnie, votre ancienne. Vous recevrez immédiatement l’ordre.

— J’obéis.

— Quand vous sortirez, veuillez m’envoyer l’aide de camp du régiment, — conclut le commandant, en faisant voir, par un léger salut, que l’audience était terminée.

En quittant le blindage, Kozeltzov marmonna plusieurs fois quelque chose et secoua les épaules comme s’il se sentait mal, ou très irrité, ou dépité, et dépité non contre le colonel (il n’y avait pas de quoi), mais comme s’il eût été mécontent de lui-même et de tout ce qui l’entourait.