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pensa-t-il, tressaillant tantôt à cette pensée, tantôt à cause de l’eau qui entrait dans ses bottes et lui mouillait les jambes.

Volodia soupira profondément et s’écarta un peu de son frère.

« Seigneur, est-ce qu’on me tuera, précisément moi ! Seigneur, ayez pitié de moi ! » chuchota-t-il en se signant.

— Eh bien, allons, Volodia ! dit le frère aîné quand la voiture fut montée sur le pont, as-tu vu la bombe ?

Sur le pont les frères rencontrèrent des chariots avec des blessés, des gabions, un autre avec des meubles conduit par une femme. De l’autre côté, personne ne les arrêta.

Se tenant instinctivement près de la muraille de la batterie de Nicolas, les frères, silencieux, entendirent le son des bombes qui maintenant éclataient plus près de leur tête, et le sifflement des éclats qui tombaient de haut. Ils arrivèrent à l’endroit de la batterie où était placée l’icône. Là ils apprirent que la cinquième légère où était inscrit Volodia se trouvait à la Korabelnaïa et ils décidèrent, malgré le danger, d’aller coucher chez le frère aîné, au cinquième bastion et de là, d’aller le lendemain à la batterie. En tournant dans le corridor et enjambant les soldats endormis allongés le long du mur de la batterie, ils arrivèrent enfin à l’ambulance.