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était jetée une couverture en peluche rouge, un coussin sale, déchiré et une pelisse de genette ; sur la table, un miroir encadré d’argent, une brosse en argent horriblement sale, un peigne en corne, cassé et plein de cheveux gras, un bougeoir d’argent, une bouteille de liqueur avec une marque dessinée en or et rouge, une montre d’or embellie du portrait de Pierre Ier, deux plumes d’or, un petit flacon avec des capsules, un petit morceau de pain, de vieilles cartes à jouer, et sous le lit, des bouteilles vides ou pleines. Cet officier s’occupait des convois du régiment et des fourrages. Avec lui vivait son grand ami, un commissionnaire, qui s’occupait des achats. Quand les frères entrèrent, il dormait sous la tente, et l’officier du convoi faisait les comptes de l’argent d’État, pour la fin du mois. L’extérieur de l’officier du train était beau et martial : grande taille, grandes moustaches, belle corpulence. Il n’avait seulement de désagréable que sa transpiration continuelle et le gonflement de tout le visage, qui cachait presque ses petits yeux gris (comme si la figure était toute imprégnée de porter) et une malpropreté extraordinaire, depuis ses cheveux rares et gras jusqu’aux pieds, longs et nus, chaussés de pantoufles fourrées d’hermine.

— Que d’argent ! que d’argent ! — dit Kozeltzov aîné, en entrant dans le hangar, et, avec une avidité involontaire, fixant ses yeux sur la liasse de