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poste, — dit avec hésitation un autre officier tout jeune. — Ce n’est pas pour notre plaisir que nous voulons partir. Nous sommes donc nécessaires si l’on nous a demandés ; autrement, je le dirai certainement au général ; autrement, qu’est-ce donc ?… alors vous n’estimez pas le grade d’officier ?

— Vous gâtez toujours les choses, — l’interrompit avec dépit son chef. — Vous gâtez, c’est tout. Il faut savoir lui parler. Voilà, il a perdu tout respect. Des chevaux immédiatement ! dis-je.

— Je serais heureux…, mais où les prendre ?

Le maître de poste se tut un moment, puis tout à coup s’emballant, il se mit à parler en gesticulant.

— Mon petit père, je comprends et je sais tout. Mais que faire ? Voilà… laissez-moi seulement (un espoir éclaira le visage des officiers)… laissez-moi… attendez jusqu’à la fin du mois et je n’y serai plus. J’irai plutôt au mamelon de Malakof que de rester ici, je le jure ! Qu’on fasse tout ce que l’on voudra ! Dans tout le relais, il n’y a pas maintenant une seule charrette solide, et depuis trois jours les chevaux n’ont pas vu une seule botte de foin.

Et le maître disparut dans la porte cochère du relais.

Kozeltzov entra dans la chambre avec les officiers.

— Quoi ! — dit à son cadet, l’aîné des officiers maintenant tout à fait calme, bien qu’une seconde