Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVI

Les drapeaux blancs flottaient sur notre bastion et sur la tranchée française, et dans la vallée fleurie, gisaient en tas, sans chaussures, en capotes grises et bleues, des cadavres mutilés que des hommes portaient et entassaient dans les chariots. L’odeur cadavérique remplissait l’air. De Sébastopol et du camp français une foule de gens venaient regarder ce spectacle et, avec une curiosité avide et bienveillante, se hâtaient les uns vers les autres.

Écoutez ce que disent entre eux ces gens.

Voici un très jeune officier dans un petit cercle de Russes et de Français qui se groupent autour de lui. Il parle mal le français, mais assez pour se faire comprendre. Il examine la giberne d’un soldat de la garde.

— Et ceci, pourquoi cet oiseau lié ?

Parce que c’est une giberne d’un régiment de la garde, monsieur, qui porte l’aigle impérial.

— Et vous, vous êtes de la garde ?