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sur ses bras velus les manches relevées de son uniforme, il essuya avec un mouchoir sale la sueur qui couvrait son front et sortit du parloir.

— À l’hôpital ! ordonna le directeur.

Il toussotait et faisait des grimaces comme s’il eût avalé quelque chose d’amer et d’empoisonné. Il s’assit sur le rebord de la fenêtre et fuma une cigarette.

« Aller à la maison », pensait-il ; mais il se rappelait les figures des danses hongroises sur l’arrangement de Listz, qu’il entendait déjà depuis trois jours, et toute la matinée d’aujourd’hui et, dans son âme, il se fit encore plus sombre.

À ce moment on lui annonça Nekhludov. « Que veut-il ? » pensa le directeur, et, en soupirant lourdement, il sortit dans le vestibule.

DANS LA CASEMATE

… À ce moment, dans l’un des cachots, une femme en corsage déchiré, les cheveux épars, les yeux hagards, criait d’une voix désespérée et se frappait la tête tantôt contre le mur, tantôt contre la porte. Le gardien regardait par le judas, s’éloignait et reprenait sa marche ; et aussitôt que son œil se montrait au judas, les cris redoublaient.

— Ne regarde pas, tue-moi plutôt, donne-moi