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sant à nu ses jambes fines, droites, et bien musclées.

— Vous n’avez pas… murmura-t-il en commençant une phrase quelconque ; mais il s’interrompit, serra les dents et se prépara aux coups.

Pétrov jeta les verges brisées, en prit un nouveau faisceau et commença une nouvelle punition.

Aux premiers coups, Vassiliev poussa quelques « oh ! oh ! » et commença à se débattre, si bien que les gardiens, qui durent peser sur ses genoux et sur ses épaules, étaient rouges de leurs efforts.

— Trente ! dit le directeur de la prison, quand on fut au vingt-sixième coup.

— Non, monsieur le directeur, vingt-six.

— Trente, trente ! répéta le directeur en tiraillant sa barbiche.

Quand ils eurent terminé, Vassiliev ne se leva pas.

— Eh bien, lève-toi ! dit l’un des gardiens en le soulevant.

Vassiliev se leva, mais il chancela et serait tombé sans l’aide d’un gardien. Il soupirait péniblement, amèrement ; ses lèvres tremblaient et faisaient ce bruit particulier avec lequel on amuse les enfants ; ses genoux s’entrechoquaient.

— Une autre fois, tu battras les gardiens en pleine figure ! dit Pétrov en jetant les verges et essayant de s’encourager et de se justifier. Mais son âme n’était pas tranquille, et, ayant rabattu