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de la porte ; et de même, les prisonniers, tassés l’un contre l’autre, étaient étendus côte à côte et, avec les mêmes mouvements, se levèrent et prirent la même attitude militaire. Dans cette salle, trois hommes ne se levèrent pas. Deux se soulevèrent seulement, l’autre demeura couché sans même regarder les visiteurs. C’étaient des malades. L’Anglais relit le même discours et donna également deux évangiles.

Dans la troisième salle il y avait quatre malades. L’Anglais ayant demandé pourquoi on ne réunissait pas les malades tous ensemble dans une même salle, le directeur répondit qu’eux-mêmes ne le désiraient pas ; que du reste ces malades n’étaient pas contagieux et que l’infirmier veillait sur eux et les soignait.

— Voilà quinze jours qu’on ne l’a pas vu ! dit une voix.

Le directeur ne répondit rien et conduisit les visiteurs dans la salle suivante. De nouveau, à leur arrivée, tous se levèrent et s’alignèrent, et de nouveau l’Anglais distribua des évangiles. La même chose se répéta dans la cinquième salle, dans la sixième, à droite, à gauche et de tous côtés.

Après les forçats on visita les déportés, puis les déportés par leurs communautés, puis les parents admis à suivre les prisonniers. Partout la même chose : partout les mêmes hommes souffrant du