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tribuaient la correspondance à une foule impatiente. L’un des employés, la tête inclinée de côté, ne faisait tout le temps que de frapper d’un timbre les enveloppes qu’il faisait glisser adroitement. Nekhludov n’eut pas à attendre logntemps ; aussitôt son nom prononcé, on lui remit une assez volumineuse correspondance. Il y avait une lettre chargée, puis d’autres lettres, des livres, et la dernière livraison du Messager de l’Europe. Dès qu’il eut son courrier, Nekhludov alla s’asseoir à l’écart sur un banc de bois, où se tenait un soldat, porteur d’un registre, attendant quelque chose. Nekhludov s’assit près de lui et dépouilla sa correspondance. Parmi ses lettres, l’une, recommandée, était sous une belle enveloppe, fermée par un imposant cachet rouge. Il l’ouvrit, et reconnaissant que c’était une lettre de Sélénine, accompagnée d’un papier officiel quelconque, il sentit le sang lui affluer au visage et son cœur se serrer. C’était la réponse au recours de Katucha ! Quelle était cette réponse ? Le rejet ? Nekhludov parcourut rapidement l’écriture fine, peu lisible, cassée, mais ferme, et il poussa un soupir de soulagement : la réponse était favorable.

« Cher ami ! écrivait Sélénine, notre dernier entretien m’a laissé une impression profonde. Tu avais raison au sujet de Maslova. J’ai examiné de près son dossier, et j’ai constaté qu’une révoltante injustice avait été commise à son égard. Mais on