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libre, et il fallut aller à l’autre. Dans celui-ci il y avait une chambre de disponible, et Nekhludov, pour la première fois depuis deux mois, se retrouva dans les conditions de propreté et de commodité relatives, auxquelles il était habitué. La chambre donnée à Nekhludov n’était pas très luxueuse, mais après les voitures de poste, les auberges et les relais, il éprouvait un grand soulagement. Avant tout, il voulait se débarrasser des poux dont il n’avait pu se défaire complètement depuis qu’il visitait les étapes. Dès qu’il eut ouvert ses bagages, il alla au bain, et de là, après avoir revêtu ses habits de ville : chemise empesée, pantalon portant la trace du pli, redingote et pardessus, il se rendit chez le gouverneur de la province. Le portier de l’hôtel héla une voiture attelée d’un cheval kzirghise, de bonne taille et bien nourri, qui déposa Nekhludov devant un vaste et beau bâtiment, près duquel se tenaient des sentinelles et un agent de police. Devant et derrière la maison s’étendait un jardin où, parmi les branches dénudées des trembles et des bouleaux, apparaissait la verdure des pins, des sapins et des mélèzes.

Le général était souffrant et ne recevait pas. Mais Nekhludov insista auprès du valet de chambre pour faire passer sa carte. Le valet revint avec une réponse favorable.

— On a ordonné de vous recevoir.