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vous avec elle. Je vais l’appeler, voulez-vous ? demanda Marie Pavlovna.

— Je vous en prie, répondit Nekhludov. Et Marie Pavlovna sortit.

Un sentiment étrange envahit Nekhludov quand il resta seul dans la petite chambre, entendant la respiration régulière, parfois entrecoupée de gémissements, de Véra Efrémovna, ainsi que le vacarme incessant des forçats, qui parvenait à travers les deux portes.

Ce que venait de dire Simonson déliait Nekhludov de l’engagement qu’il avait pris et qui, aux moments de faiblesse, lui semblait étrange et lourd ; et, néanmoins, ce qu’il venait d’apprendre lui était non seulement désagréable, mais même pénible. Une des causes en était le sentiment que la proposition de Simonson détruisait la grandeur de son acte et diminuait à ses yeux et aux yeux du monde la valeur de son sacrifice. En effet, si un homme excellent et n’ayant aucune obligation envers elle, voulait unir sa destinée à la sienne, son sacrifice à lui, Nekhludov, n’était plus aussi important. Peut-être aussi, était-ce simple jalousie : il s’était tant accoutumé à son amour pour lui, qu’il n’admettait pas qu’elle pût aimer un autre. En outre, cela détruisait un projet formé depuis longtemps : vivre auprès d’elle pendant la durée de sa peine. Si maintenant elle épousait Simonson, sa présence auprès d’elle devenait