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on les avait mis en prison, puis déportés dans le gouvernement de Vologda. Là il avait fait la connaissance de Novodvorov, lu encore une foule de livres révolutionnaires, retenu tout, et s’était pénétré encore davantage de ses convictions socialistes. Sa déportation terminée, il avait été l’organisateur d’une grande grève ouvrière qui s’était terminée par le sac de l’usine et l’assassinat du directeur. On l’avait arrêté et condamné à la perte de ses droits civils et à la déportation.

En matière de religion, il était encore plus négatif qu’en matière politique. S’étant convaincu de la fausseté de la religion dans laquelle il avait été élevé, et étant parvenu à s’en affranchir, d’abord avec crainte, puis avec joie, il éprouvait comme le désir de se venger du mensonge dans lequel lui et ses ancêtres avaient été maintenus, et il ne cessait de railler haineusement les popes et les dogmes religieux.

Il avait des habitudes d’ascète, se contentant de peu, et jouissait, comme tout homme entraîné au travail, d’une grande force musculaire ; il pouvait facilement et longtemps se livrer avec adresse à tout travail physique, mais il aimait les loisirs qui lui permettaient, soit en prison, soit aux étapes, de continuer à s’instruire. Maintenant, il étudiait avec le plus grand soin le premier volume de Marx, et cachait ce livre dans son sac comme un trésor précieux. Envers ses compagnons, il se