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chures, avait causé avec lui de sa situation, de ses causes, et des moyens de l’améliorer. Quand il avait vu la possibilité de se libérer, ainsi que les autres, de l’état d’oppression dans lequel il se trouvait, et dont l’injustice lui semblait encore plus cruelle et terrible qu’auparavant, il avait désiré passionnément non seulement la libération, mais encore le châtiment de ceux qui commettaient cette cruelle injustice. On lui expliqua que la science donne cette possibilité, et Kondratiev s’adonna à l’étude avec ardeur. Il ne voyait point clairement comment la réalisation de l’idéal socialiste pouvait s’accomplir par la science ; cependant il croyait la science apte à remédier à cette injustice qu’elle révélait. En outre, la science avait à ses yeux l’avantage de l’élever au-dessus des autres hommes. Aussi avait-il cessé de boire et de fumer, et, devenu gardien de l’entrepôt, par suite ayant plus de liberté, il avait consacré tous ses loisirs à l’étude.

La révolutionnaire l’instruisait et était frappée de l’étonnante facilité avec laquelle il absorbait insatiablement toutes sortes de connaissances. En deux ans, il avait appris l’algèbre, la géométrie, l’histoire, qui l’intéressait particulièrement, et avait lu toute la littérature critique, et surtout socialiste.

La révolutionnaire avait été arrêtée, et avec elle Kondratiev, pour détention d’ouvrages prohibés ;