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activité de phagocyte d’aider les faibles, ne pouvait au contraire que l’accroître.

Il résolvait à sa manière les questions morales et traitait avec la même liberté les questions pratiques. Chaque acte de la vie matérielle était soumis à des règles : il fallait tant d’heures de travail, tant d’heures de repos ; manger telles choses, se vêtir, allumer le poêle, s’éclairer, de telle et telle façon.

En même temps, Simonson était d’apparence timide et modeste avec ses semblables. Mais dès qu’il avait décidé quelque chose, rien n’était capable de l’arrêter.

Tel était l’homme qui, par son amour, avait une influence décisive sur Maslova. Par une intuition féminine, elle l’avait vite deviné et la pensée qu’elle pouvait inspirer de l’amour à un homme aussi remarquable, la rehaussait dans sa propre estime. Nekhludov lui offrait le mariage par générosité et à cause du passé. Simonson, lui, l’aimait telle qu’elle était aujourd’hui et simplement parce qu’il l’aimait. En outre, elle sentait qu’il la regardait comme une femme extraordinaire, différente des autres femmes, possédant particulièrement de grandes qualités morales. Elle ne savait pas encore très bien quelles qualités il lui attribuait, et, pour ne pas le décevoir, elle appliquait tous ses efforts à manifester les meilleures qualités qu’elle pouvait s’imaginer. De sorte qu’elle était aussi bonne qu’elle pouvait l’être.