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— Comment celui-là pourrait-il se sauver avec son enfant ? remarqua Marie Pavlovna.

— Je n’ai pas le temps de discuter avec vous ! Prenez-la si vous voulez !

— Ordonnez-vous de la donner ? demanda le soldat.

— Donne !

— Viens avec moi ! dit d’une voix douce Marie Pavlovna, en tâchant d’attirer la fillette.

Mais l’enfant qui, des bras du soldat, se penchait vers son père, continuait à crier et refusait d’aller avec Marie Pavlovna.

— Attendez un instant, Marie Pavlovna ; elle viendra avec moi, dit Maslova en retirant un craquelin de son sac.

La fillette qui connaissait déjà Maslova, en voyant son visage et le craquelin, alla vers elle.

Tout se tut. On ouvrit la porte. Le convoi sortit dans la rue et se mit en rangs.

Les soldats de l’escorte comptèrent de nouveau les prisonniers, ficelèrent les sacs, les placèrent sur les charrettes, où ils firent monter les faibles. Maslova, tenant la fillette dans ses bras, vint se ranger parmi les femmes, à côté de Fédosia. Simonson, qui avait assisté à toute la scène, s’approcha de l’officier qui avait donné ses ordres et se disposait à monter dans sa voiture.

— Vous avez mal agi, monsieur l’officier ! lui dit-il.