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la cour de l’étape. Un groupe entourait le sous-officier de l’escorte, qui distribuait aux prisonniers désignés par leurs camarades, l’argent destiné aux vivres qu’on achetait aux marchandes autorisées à pénétrer dans la cour de l’étape. On entendait le bruit des voix des prisonniers qui comptaient l’argent, achetaient les provisions, et les cris aigus des marchandes.

Katucha et Marie Pavlovna, toutes deux en bottes et en pelisses de peau de mouton, la tête couverte d’un fichu, sortirent également dans la cour et se dirigèrent vers les marchandes, qui s’abritaient contre le vent du nord, le long du mur, et s’efforcaient d’attirer les clients. Elles vendaient du pâté frais, du poisson, des pâtes, du gruau cuit, du foie, de la viande, des œufs, du lait ; l’une d’elles avait même un cochon de lait rôti.

Simonson attendait dans la cour, debout près du perron, le départ du convoi. Il portait des galoches de caoutchouc, attachées par des ficelles sur des bas de laine, (il était végétarien et n’admettait pas l’emploi de peaux d’animaux.) Il notait sur son calepin cette pensée qui lui était venue : « Si la bactérie pouvait observer et examiner l’ongle de l’homme, elle en tirerait la conclusion que cet ongle appartient au monde inorganique. Nous avons conclu de même, à propos de notre planète, en examinant son écorce. C’est faux. »

Ayant acheté des œufs, un chapelet de craque-