Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant les étapes Maslova avait l’autorisation de loger avec les condamnés politiques, mais en route, étant bien portante, elle devait marcher avec les criminels de droit commun. Elle marcha ainsi tout le temps jusqu’à Tomsk, Avec elle, deux condamnés politiques allaient aussi à pied. C’étaient Marie Pavlovna Stchetinina, cette même belle jeune fille aux yeux de brebis, qu’avait remarquée Nekhludov quand il était allé voir Bogodoukhovskaia, et un certain Simonson, déporté à Iakoutsk, ce même homme brun, chevelu, aux yeux profondément enfoncés, que Nekhludov avait également remarqué à cette même entrevue avec Bogodoukhovskaia. Marie Pavlovna allait à pied parce qu’elle avait cédé sa place dans la charrette à une condamnée de droit commun enceinte, et Simonson, parce qu’il trouvait injuste de jouir d’un privilège de classe. Séparés des autres criminels politiques, qui partaient plus tard, dans les charrettes, tous trois sortaient avec les criminels de droit commun, le matin, de bonne heure. Il en fut de même à la dernière étape avant la grande ville où un nouvel officier d’escorte devait prendre le commandement du convoi.

C’était de grand matin, par un mauvais temps, en septembre. La neige alternait avec la pluie et des bourrasques de vent glacé. Tous les condamnés du convoi, quatre cents hommes et environ cinquante femmes, se trouvaient déjà dans