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tous les autres prisonniers sur un ordre de Maslennikov. Maslennikov, probablement, a donné son ordre habituel. Il a revêtu de son paraphe d’imbécile un papier à en-tête, et certainement il ne se regarde point comme coupable. Encore moins coupable se juge le médecin de la prison qui a examiné les prisonniers. Il a ponctuellement accompli son devoir : il a séparé les faibles et ne pouvait prévoir ni cette chaleur torride, ni qu’on les emmènerait si tard et en si grande foule. Le directeur ?… Il n’a fait qu’exécuter l’ordre de faire partir tel jour, tant de forçats, tant de déportés, hommes et femmes. On ne peut accuser davantage le chef du convoi dont le devoir était d’accepter un tel nombre de prisonniers, et d’en remettre le même nombre à tel endroit. Il a dirigé son convoi comme de coutume et il ne pouvait guère prévoir que des hommes robustes comme ces deux, ne résisteraient pas et mourraient. Personne n’est coupable. Et pourtant des hommes ont été tués, tués par ces mêmes hommes qui ne sont pas coupables de leur mort.

« Et tout cela résulte de ce que tous ces hommes : gouverneurs, directeurs, officiers de police, agents estiment qu’il est dans la vie des cas où les rapports humains envers un homme ne sont pas obligatoires. Tous ces hommes : Maslennikov, le directeur, le chef du convoi, tous, s’ils n’étaient pas gouverneur, directeur, officier, se