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dans les rangs, non à l’ombre, mais en plein soleil, attendant leur tour.

Ce travail se passait à l’intérieur de la prison. À l’extérieur, devant la porte, se tenait comme toujours un factionnaire, fusil à l’épaule ; deux dizaines de camions, destinés au transport des effets des prisonniers, et à celui des infirmes et des malades, stationnaient, et, au coin, un groupe de parents et d’amis attendait la sortie des prisonniers pour les revoir, échanger quelques mots, si possible, avec ceux qui partaient. Nekhludov se joignit à ce groupe.

Il resta là près d’une heure. Enfin, on entendit derrière la porte des bruits de chaînes et de pas, les voix des autorités, des toussotements et le murmure confus d’une foule nombreuse. Cela dura cinq minutes pendant lesquelles des surveillants entraient et sortaient par la porte. Enfin on entendit un commandement. La porte s’ouvrit avec fracas, le bruit des chaînes s’accentua, et des soldats en bourgerons blancs, le fusil à l’épaule, sortirent dans la rue et, exécutant une manœuvre habituelle, qu’ils connaissaient bien, vinrent former des deux côtés de la porte un vaste demi-cercle. Quand ils s’arrêtèrent, un nouveau commandement retentit, et, deux à deux, des bérets plats comme des crêpes couvrant leurs têtes tondues, sac au dos, traînant leurs jambes chargées de fer, balançant leur bras libre, et tenant de