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connaissait à son frère, mais la simplicité de la chambre, toute nouvelle pour lui, la frappait surtout. Sur le bureau elle vit le presse-papier orné d’un chien de bronze, qu’elle connaissait, les portefeuilles, le papier et tous ces objets de bureau, qui ne lui étaient pas moins familiers, et le Code pénal, l’ouvrage, en anglais, de Henry George, et celui, en français, de Tarde, et dans ce dernier, le grand coupe-papier d’ivoire recourbé, qu’elle connaissait également.

Elle s’assit devant le bureau et écrivit un billet où elle priait son frère de venir la voir sans faute le jour même ; et, hochant la tête de surprise pour tout ce qu’elle venait de voir, elle se rendit à son hôtel.

Maintenant deux questions intéressaient particulièrement Nathalie Ivanovna, au sujet de son frère : son mariage avec Katucha, dont tout le monde parlait dans la ville où elle habitait ; et son abandon de la terre aux paysans, que tout le monde connaissait également et auquel beaucoup attribuaient un caractère politique et dangereux. D’un côté, le mariage avec Katucha plaisait à Nathalie Ivanovna. Dans cette résolution, étant données les circonstances, elle retrouvait son frère tout entier, et se retrouvait elle-même, tels qu’ils étaient jadis, dans le beau temps, avant son mariage ; mais d’autre part elle ne pouvait songer sans effroi que son frère allait épouser une créa-