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s’adressant à Nekhludov, tout cela est arrivé parce qu’une certaine personne, m’ayant prié de garder ses papiers pour quelque temps, comme je n’avais pas de logement, je les ai confiés à ma nièce. Mais cette nuit-là même voilà qu’on a fait une perquisition ici. On a pris les papiers, et elle avec ; et on l’a gardée jusqu’à maintenant. On exigeait qu’elle dise de qui elle tenait ces papiers.

— Et je ne l’ai pas dit ! s’écria avec feu Lydie, en tortillant une boucle de ses cheveux qui, cependant, ne la gênait pas.

— Je ne dis pas que tu l’aies dit, fit la tante.

— Si l’on a arrêté Mitine ce n’est pas de ma faute ! reprit Lydie en rougissant et promenant autour d’elle un regard inquiet.

— Mais, Lydie, il est inutile de nous dire cela, remarqua la mère.

— Pourquoi ? Au contraire, je veux en parler, fit Lydie. Elle ne souriait plus mais toute rouge elle enroulait ses cheveux autour de son doigt sans cesser de jeter des regards inquiets autour d’elle.

— Tu as oublié ce qui est arrivé hier quand tu as commencé à parler de cela ?

— Pas du tout. Laissez-moi parler, maman ! Je ne l’ai pas dit ! Je me suis tue tout le temps. Quand, à deux reprises, ils m’ont questionnée sur ma tante et sur Mitine, je n’ai rien répondu et j’ai déclaré que je ne répondrais rien. Alors ce… Pétrov…