Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venir à Christ. Viens ! Mariette, dis-lui qu’il vienne et viens aussi.

— Mais d’abord, comtesse, je n’ai point autorité pour donner des conseils au prince, répondit Mariette échangeant avec Nekhludov un regard qui exprimait son entente avec lui sur la façon d’entendre les paroles de la comtesse, et sur son évangélisme, en général. Et, deuxièmement, vous savez que je n’aime pas beaucoup…

— Oui, tu fais toujours autrement que les autres, et à ta façon.

— Comment à ma façon ! J’ai la croyance d’une simple paysanne, dit-elle en souriant. Enfin, troisièmement, poursuivit-elle, je vais demain au Théâtre-Français.

— Ah ! As-tu vu cette… Comment donc l’appelle-t-on ? demanda la comtesse Catherine Ivanovna.

Mariette prononça le nom d’une célèbre actrice française.

— Va absolument la voir. Elle est extraordinaire !

— Qui dois-je voir d’abord, ma tante, l’actrice ou le prédicateur ? demanda Nekhludov en souriant.

— Je t’en prie, ne dénature pas le sens de mes paroles.

— Je crois qu’il vaut mieux voir le prédicateur d’abord et l’actrice française ensuite, reprit Nekhludov ; autrement on risque de ne plus vouloir l’entendre prêcher.