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faiteur », « le sauveur » de sa fille et le suppliait de venir les voir chez elle, Vassilievsky-Ostrov, cinquième rue, tel appartement. Elle lui écrivait que cette visite serait très nécessaire pour Véra Efremovna ; qu’il n’avait pas à craindre un débordement de gratitude, qu’on ne lui en parlerait pas, mais qu’on serait tout simplement très heureux de le voir. Elle lui demandait s’il ne voudrait pas venir, si possible, le lendemain matin.

Une autre lettre était d’un ancien camarade de Nekhludov, Bogatyrev, aide de camp de l’Empereur, qu’il avait chargé de remettre personnellement à l’Empereur une requête adressée par lui au nom des sectaires. De sa large écriture ferme, Bogatyrev l’informait que suivant sa promesse, il remettrait la requête entre les mains de l’Empereur, mais qu’avant de faire cela, il voulait lui soumettre une idée qui lui était venue : ne vaudrait-il pas mieux voir d’abord le personnage de qui dépendait cette affaire et le solliciter ?

À la fin de son séjour à Pétersbourg, à cause de toutes les impressions ressenties, Nekhludov avait perdu tout espoir d’atteindre quoi que ce soit. Les projets qu’il avait formés à Moscou lui apparaissaient maintenant quelque chose comme ces rêves de jeunesse, dont les hommes se désenchantent au contact de la vie réelle.. Néanmoins, puisqu’il se trouvait à Pétersbourg. il estima de son devoir de faire tout ce qu’il avait projeté, et