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tion étaient insuffisants, dit-il en haussant ses épaules étroites et fermant les yeux. Et il se rendit où il avait affaire.

Après Wolff, vint Sélénine, qui avait appris par les sénateurs la présence de son ancien camarade Nekhludov.

— Je ne m’attendais pas à te rencontrer ici, dit-il en s’approchant de Nekhludov, un sourire sur les lèvres mais les yeux tristes. Je ne savais pas que tu étais à Pétersbourg.

— Et moi, j’ignorais que tu fusses procureur général…

— Substitut, corrigea Sélénine. Comment es-tu au Sénat ? demanda-t-il tristement, en regardant son ami. Mais par quel hasard es-tu ici ?

— Ici ? Je suis venu ici avec l’espoir de trouver justice et de sauver une femme condamnée injustement.

— Quelle femme ?

— Celle dont vous venez de fixer le sort.

— Ah ! l’affaire Maslova ! fit Sélénine. Son pourvoi n’était aucunement fondé.

— Il ne s’agit pas de pourvoi, mais de la femme qui est innocente et qu’on punit.

Sélénine soupira :

— Oui, c’est possible, mais…

— C’est non seulement possible, mais absolument certain.

— Comment le sais-tu ?