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avec le désir évident d’obtenir la cassation.

— Avez-vous quelque chose à ajouter ? demanda le président à Fanarine.

Fanarine se leva, fit bomber son plastron blanc et large, et méthodiquement, avec une précision remarquable, il se mit à prouver que les débats de la Cour d’assises avaient présenté six points contraires à l’interprétation exacte de la loi. En outre, passant très brièvement à la question du fond, il fit valoir l’erreur flagrante devant la Cour d’assises. Parlant d’une manière brève, mais ferme, il semblait s’excuser d’être obligé par devoir d’insister sur des faits que messieurs les sénateurs, avec leur perspicacité et leur sagesse juridiques, voyaient et comprenaient mieux que lui, mais qu’il le faisait parce qu’ainsi l’exigeait son devoir.

Après le plaidoyer de Fanarine, il semblait hors de doute que le Sénat allait casser le jugement. Quand l’avocat eut terminé, il eut un sourire de triomphe. Nekhludov regarda son avocat, et, voyant ce sourire, il eut la certitude que l’affaire était gagnée. Mais en regardant les sénateurs, il vit que Fanarine était seul à sourire et à triompher. Au contraire, les sénateurs et le substitut avaient l’air ennuyé de gens qui perdent leur temps, et tous semblaient dire : « Nous en avons entendu bien d’autres ; tout cela est parfaitement inutile ». Ils parurent soulagés seulement lorsque l’avocat, ayant achevé sa plaidoirie, cessa de les impor-