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cis se jettent à genoux, et pleurent, et se repentent.

Si étrange et si peu d’accord que cela fût avec son caractère, la comtesse Catherine Ivanovna était une fervente adepte de la doctrine qui fait de la foi en la Rédemption l’essence même du Christianisme. Elle fréquentait les réunions où l’on prêchait cette doctrine alors à la mode et réunissait chez elle ses adeptes. Bien que cette doctrine proscrivit non seulement les rites, les icônes, mais les sacrements même, la comtesse Catherine Ivanovna avait des icônes dans toutes ses chambres, même au-dessus de son lit, et suivait toutes les pratiques orthodoxes, sans trouver à cela la moindre contradiction.

— Ah ! si ta Madeleine pouvait l’entendre, elle se convertirait, reprit la comtesse. Mais toi, reste ce soir à la maison, tu l’entendras. C’est un homme extraordinaire.

— Ma tante, cela ne m’intéresse pas.

— Je t’assure que c’est intéressant ! Ne manque pas de venir. Eh bien ! que désires-tu encore de moi ? Videz votre sac.

— J’ai aussi à faire à la forteresse.

— À la forteresse ? Oh ! là je puis te donner une lettre pour le baron Kriegsmuth. C’est un très brave homme. D’ailleurs, tu le connais : c’est un ancien camarade de ton père. Il donne dans le spiritisme ; mais c’est égal, il est bon. Et qu’as-tu à faire à la forteresse ?