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XVIII

Le lendemain, le brillant et gai Schenbok vint retrouver Nekhludov chez ses tantes, et celles-ci furent tout à fait séduites par son élégance, sa politesse, sa générosité et son affection pour Dmitri. Bien que leur plaisant beaucoup, sa générosité provoquait un peu d’étonnement par son exagération. Il donnait un rouble aux mendiants aveugles, en distribuait quinze comme pourboires aux domestiques, et, sans hésitation, avait déchiré un mouchoir de batiste brodé pour panser Suzette, le caniche de Sophie Ivanovna, qui s’était écorché la patte, (et Sophie Ivanovna savait que de pareils mouchoirs ne coûtent pas moins de quinze roubles la douzaine). Jamais les tantes n’avaient rien vu de pareil ; elles ignoraient que ce Schenbok avait deux cent mille roubles de dettes qu’il était sûr de ne jamais payer, de sorte que vingt-cinq roubles