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médecins inventent quelque chose ; autrement, à quoi bon leur donner de l’argent ? Voilà, y en a un qui vient là tous les jours : il vient, il cause un peu, et il a pour ça dix roubles.

LE DEUXIÈME PAYSAN

C’est pas vrai ?

IAKOV

Ou bien, c’est un autre encore qui touche, celui-là, un billet de cent.

LE PREMIER PAYSAN

Oh ! un billet de cent !

IAKOV

Un billet de cent ? Tu parles d’un billet ? Il en prend de mille quand il faut sortir de la ville ! Donne, qu’il dit, un billet de mille, ou, si tu ne le donnes pas, crève !…

LE TROISIÈME PAYSAN

Oh ! Dieu !

LE DEUXIÈME PAYSAN

Qu’est-ce qu’il est donc ? Sait-il une parole magique ?

IAKOV

Sans doute qu’il sait. J’étais chez un général, près de Moscou. C’était un homme colère, très fier, ce général. Et bien ! voilà que sa fille tombe malade. On a envoyé chercher celui-là. Donnez mille roubles et j’y vais. Bon ! on s’est arrangé ; il vient. Mais voilà que quelque chose lui a déplu. Comme il s’est mis à crier après le général ! oh ! mes petits