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l’affaire. Est-elle venue potiner ou le monde a-t-il causé ?…

ANICIA

Est-elle hardie, la catin !

MATRIONA

Et voilà mon vieux qui s’emballe ! Tête d’imbécile ! — « Le marier ! Le marier ! Pour couvrir le péché ! Ramenons-le à la maison, qu’il dit, et marions-le ! » J’ai dit tout ce que j’ai pu, rien ! — Très bien ! que j’ai pensé, alors, je m’en vais retourner ton affaire. Vois-tu, ma petite fraise, ces imbéciles-là, faut toujours dire comme eux, et quand on arrive au fait, on fait ce qu’on veut. Le temps de tomber du poêle, vois-tu, et la femme a le temps de tourner dans sa tête soixante-dix-sept idées. Comment veux-tu qu’ils nous comprennent ? — Eh bien ! que j’ai dit, mon bon vieux, voici une excellente affaire, seulement, faut de la réflexion. Allons chez le fils ! Nous demanderons conseil à Piotr Ignatitch, nous verrons ce qu’il dira et nous voilà !

ANICIA

Ah ! tante Matriona, comment faire maintenant ? Et si son père lui en fait une obligation ?

MATRIONA

L’obligation ? Nous la fourrerons sous la queue du chien. N’aie pas peur, l’affaire ne se fera pas ! Tout à l’heure, avec ton vieux, je m’en vais si bien tamiser tout ça qu’il n’en restera rien. Si je suis