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m’en souviens très bien. C’est possible !… Tout cela dépend de moi. Si la somme d’argent était colossale, je te prierais d’attendre, mais, pour ce que tu demandes, je peux tout… Tiens !

akim continue à arranger ses bandelettes.

Eh ! petit, vois-tu, oui… ce n’est guère le moment de causer.

NIKITA

Pourquoi me dis-tu ça ? Tu veux dire qu’on ne peut pas raisonner avec un soulard ? Je ne suis pas ivre. N’en doute pas… Nous allons boire du thé. Quant à moi, je peux tout, positivement, je peux arranger tout…

akim, hochant la tête.

Eh ! Eh ! Eh ! Eh !

NIKITA

L’argent ! Le voilà. (Il cherche dans sa poche, retire d’un portefeuille chiffonné une liasse de billets, parmi lesquels il choisit un billet de dix roubles.) Tiens ! pour le cheval ! Prends pour le cheval. Je ne suis pas de ceux qui oublient leurs parents. C’est obligatoire ! Tu es mon père, je ne puis t’abandonner. Tiens ! prends ! C’est bien simple. Je ne suis pas avare ! (Il s’avance vers Akim et veut lui glisser le billet. Akim ne le prend pas. Nikita prend son père par le bras.) Prends, je te dis, quand je te le donne, je ne le regrette pas.