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chambre était bien chauffée, propre et remplie d’objets divers. Il y avait, sur le sol, une descente de lit en paille, ils l’avaient prise dans le cellier, des coffres, une armoire, un samovar, de la vaisselle. Dans le coin, devant plusieurs icônes, brûlaient deux veilleuses. Au mur étaient accrochées des pelisses enveloppées d’un drap. La vieille avec des rides en patte d’oie, aimable, bavarde, était visiblement enchantée de sa vie calme et tranquille.

Ivan Fedotitch, le propriétaire du débit et des logis, vint nous rejoindre et alla avec nous. Il plaisantait gaiement avec beaucoup de locataires, qu’il appelait tous par leurs prénoms et noms patronymiques, et il les caractérisait brièvement. Tous étaient des hommes comme les autres : les Martin Sémionovitch, les Piotre Petrovitch, les Maria Ivanovna, des personnes qui ne se trouvaient pas malheureuses, qui se trouvaient et étaient en effet comme tout le monde.

Nous nous étions apprêtés à ne voir que l’horreur, et tout à coup, au lieu de cela, au lieu de l’horreur, nous voyions quelque chose de bon qui, malgré nous, excitait notre respect. Il y avait tant de braves gens que les déguenillés, les hommes perdus, les oisifs, qui se rencontraient rarement parmi eux, ne gâtaient pas l’impression générale.

Pour les étudiants ce n’était pas si étrange que pour moi. Ils étaient venus faire, comme ils le